Le fait d’être un parent de plusieurs enfants, dont l’un est en situation de handicap, engendre de nombreuses questions sur les fratries. En effet, l’enfant en situation de handicap accapare davantage l’attention des parents, par conséquent ses sœurs et frères peuvent parfois se sentir lésé. Ces fratries soulèvent les mêmes attentes que les autres enfants dans les familles ordinaires, notamment, la place de chacun dans la famille, la rivalité entre les frères et sœurs, le besoin de reconnaissance…. Nous vous proposons quelques conseils pour tenter de répondre aux attentes de vos enfants :

LA VALSE DES SENTIMENTS

Dans les familles où se trouve une fratrie avec un enfant en situation de handicap, les frères et sœurs peuvent développer des sentiments parfois contradictoires :

  • Certains enfants développeront un sentiment de jalousie ou de honte envers leur frère ou sœur en situation de handicap. Cela peut être plus fréquent quand le handicap du frère ou de la sœur est lourd ou quand les parents eux-mêmes cachent le handicap et « protègent » cet enfant de la société. Vous trouverez sur ces sites, comment comprendre la construction psychique des fratries face au handicap de leur pair et les différentes pistes pour atténuer ces sentiments :

http://www.carnetpsy.com/article.php?id=1215 Extrait : “La honte et la culpabilité qu’ils évoquent en se les attribuant ou en les attribuant aux autres sont indissociables des mauvaises images qu’ils ont d’eux-mêmes, des membres de leur famille et des “non-dits” qui pèsent sur l’expression des sentiments dans beaucoup de ces familles”.

https://apprendreaeduquer.fr/jalousie-entre-freres-et-soeurs/ Extrait : “La jalousie découle de la peur : la peur de perdre l’attention et l’amour des parents, de perdre sa place et son importance dans la famille. Cette émotion est générée par des besoins inassouvis : les besoins d’importance et d’appartenance, qui demandent à être comblés par les parents. La jalousie et la peur que ressent l’enfant est sa réalité : il a une bonne raison de se sentir ainsi. Il est alors inutile de lui dire que cette jalousie est anormale ou injustifiée.”

http://www.ufapec.be/files/files/analyses/2013/2513-fratrie-et-handicap.pdf Extrait : ‘Témoignage de Kevin, ainé de Dennis qui est sourd : j’ai dû faire face au regard des « autres ». Les gens se retournaient sur notre passage, intrigués par ce petit boîtier que Dennis portait sur le dos. Cela me mettait très en colère et j’avais envie de les prendre à parti. Maman m’a alors fait comprendre qu’il fallait les aborder gentiment afin de leur expliquer ce qu’était cet appareil « bizarre » qui collait à l’arrière du crâne de Dennis.”

  • D’autres au contraire, seront de “petits adultes”, ils auront le sentiment de responsabilité et s’investiront pour aider leurs parents. Ils vivront les expériences des personnes adultes, prendront des responsabilités qui, à leur âge, ne leur correspondront pas. Même si cela peut-être semble être un bon comportement, essayez de vous rappeler que ce ne sont que des enfants. Les sites suivants vous aideront à identifier si votre enfant est un “petit adulte”, à comprendre son raisonnement et à savoir comment lui rendre sa place d’enfant :

https://nospensees.fr/petits-adultes-enfants-savent-adultes-ignorent/

https://www.apel.fr/famille-education/le-magazine-famille-education/tous-les-numeros/famille-education-n-518/7-conseils-pour-le-primaire.html

https://www.aef-dmoz.org/des-enfants-trop-responsables-pour-leur-age/

  • D’autres encore vont développer les symptômes de l’enfant « sage » qui évite d’ajouter des problèmes supplémentaires à ses parents. Même s’il est souvent cité en exemple car il ne remet pas en cause la position éducative des parents, qu’il attire les compliments, renvoyant les parents à une image positive,  l’enfant sage est si préoccupé à coller aux attentes de l’adulte qu’ils renoncent, sans le savoir, à faire des expériences essentielles pour son développement. Qu’est-ce qu’un enfant sage ? Qu’est ce qui fait agir un enfant dans ce sens ? Quelles sont les conséquences pour l’enfant ? Quelles sont les conséquences pour l’enfant ? Que faire face à un enfant sage ?

Il est nécessaire que les parents prennent le temps d’ écouter les frères et sœurs de la personne en situation de handicap et leurs donnent la possibilité de parler de leur ressenti. Il est également indispensable que les parents s’expriment pour expliquer que leur frère ou sœur a besoin de plus d’attention et de temps. “Le dialogue au sein de la famille permet de comprendre le handicap et de vivre avec, de reconnaître chacun comme un enfant à part entière, peu importe l’âge ou le handicap, de donner sa place à chacun au sein de la famille, d’apporter des réponses aux questions de chacun, d’aider chacun à mieux se connaître et s’accepter avec son potentiel et ses limites”. Extrait de : http://www.ufapec.be/files/files/analyses/2013/2513-fratrie-et-handicap.pdf 

Pour cela, il est vivement conseillé aux parents de faire appel à une aide extérieure pour l’accompagnement de l’enfant en situation de handicap et si nécessaire, de consulter un professionnel afin que chaque enfant de la fratrie puisse trouver sa place dans la famille.

Besoin d’un accompagnement extérieur pour un de vos proche en situation de handicap, avancé en âge ou malade ? Contactez Cot’Aidants par email cotaidants@gmail.com

Cot’aidants travaille à l’amélioration de la qualité de vie des aidants accompagnant des personnes en situation de handicap, avancées en âge, en perte d’autonomie ou souffrant de maladies d’Alzheimer, Parkinson et apparentées. Ce GCMS (Groupement de Coopération Médico Sociale) agit sur l’ensemble du territoire CUD et CCHF.

METTRE EN PLACE UNE EDUCATION EQUITABLE ET ADAPTEE

Il est important que les deux parents mettent en place une éducation adaptée à tous les enfants, dans le sens où les principes et les règles d’éducation doivent être les mêmes dans la mesure du possible. Or, si cela s’avère nécessaire, ils doivent l’adapter à la personne en situation de handicap. Cela permet non seulement aux fratries d’avoir un sentiment d’équité et de justice mais également à la personne en situation de handicap de ne pas se sentir marginalisée.

http://www.ufapec.be/files/files/analyses/2013/2513-fratrie-et-handicap.pdf Extrait : “Premier lieu où des pactes, des alliances, des conflits peuvent émerger, la fratrie est un lieu de socialisation. Il faut donc laisser les enfants passer du temps ensemble, nouer des relations entre eux sans vouloir intervenir tout le temps. Frères et sœurs vont composer l’un avec l’autre pour s’apprivoiser, grandir ensemble, se comprendre dans leurs différences. A la question de savoir si le fait que sa sœur soit handicapée a joué un rôle dans leurs relations, Ludovic répond que oui et non. Oui car tu dois t’adapter face à son handicap et non car pour la faire avancer il faut la traiter comme une personne « normale ». C’est sûr qu’il faut l’aborder en pensant à ses difficultés.
Sinon, je dirais que ma relation est comme avec mon autre sœur, je ne fais pas de différence”.

UNE FAMILLE FORMIDABLE

Avoir un frère ou une sœur en situation de handicap n’est pas facile tous les jours mais peut aussi être source d’enrichissement personnel. En plus d’un meilleur apprentissage de soi-même, les richesses que les frères et sœurs peuvent retirer de cette expérience, selon leur vécu et le quotidien familial, sont, entre autres, plus de tolérance, d’ouverture aux autres, d’acceptation des différences, de maturité et de sens des responsabilités. Etre différent c’est normal, n’oubliez jamais que votre famille est parfaite !

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